« Il n’y a pas de bon ou de mauvais mouvement. Les problèmes apparaissent lorsqu’on exécute un geste pour lequel le corps n’est pas préparé, ou que l’on force au-delà de ses capacités. »
L’origine du mythe du “faux mouvement”
Depuis longtemps, on entend dire qu’un “faux mouvement” serait responsable de bon nombre de douleurs, notamment au dos et aux articulations. Pourtant, cette expression recouvre souvent une réalité plus complexe.
- Une idée très répandue : « J’ai dû faire un faux mouvement », « Je me suis mal penché », « J’ai forcé d’un coup… » sont des phrases courantes en cabinet.
- Pourquoi “faux” ? Cette formule sous-entend que le moindre geste inhabituel serait par essence “dangereux”. En réalité, aucun mouvement isolé n’est foncièrement mauvais. C’est plutôt le corps qui n’était pas préparé ou suffisamment entraîné pour l’effectuer sans risque.
- Mauvaises postures, mauvais gestes : même combat ? : On retrouve la même croyance qu’avec l’idée de “mauvaise posture” : le problème serait dû à un seul geste “incorrect”. Alors qu’en réalité, c’est souvent l’accumulation de facteurs (sédentarité, stress, faiblesse musculaire, etc.) qui provoque la blessure.
“J’ai dû faire un faux mouvement” : pourquoi c’est plus compliqué que ça
En ostéopathie et kinésithérapie, on constate fréquemment que la douleur survenant juste après un “mouvement inhabituel” ou “mal exécuté” est en fait la conséquence d’un déséquilibre déjà présent :
- Manque de préparation musculaire : si les muscles ne sont pas habitués à un type d’effort (ex. : soulever un carton, tordre le buste pour atteindre un objet), ils peuvent se contracter violemment ou se léser.
Sur-estimation des capacités : forcer à porter une charge trop lourde ou faire un mouvement répétitif sans pause sollicite excessivement les articulations et les muscles.
- Mauvaise coordination : effectuer un geste complexe ou brusque sans échauffement ni maîtrise technique peut déclencher une douleur réflexe ou un spasme.
- Accumulation d’inactivités ou microtraumatismes : des semaines de sédentarité, puis un effort soudain : voilà un contexte typique où l’on accuse un “faux mouvement”, alors que le corps a juste été surpris par un effort inhabituel.
📌 Pour aller plus loin :
Il n’y a pas de “mauvais” gestes, mais des gestes mal préparés
De nombreuses études en sciences du sport et en rééducation soutiennent que le corps humain est conçu pour bouger dans une grande variété de positions et de gestes :

- Aucune position n’est foncièrement dangereuse : s’accroupir, se pencher, soulever, tourner les bras dans tous les sens… Tout dépend de la progressivité et de l’état de préparation de la personne.
- Ce qui blesse réellement : un mouvement trop intense, trop soudain, ou répété sans récupération. Si le corps n’a pas été entraîné à tolérer ces contraintes, la blessure survient plus facilement.
- Même un geste anodin peut bloquer le dos : un patient habitué à toujours plier les genoux se retrouve soudain à se pencher en avant pour ramasser un objet léger sur une table basse… et se “coince” le dos. Non pas parce que se pencher est un “mauvais” mouvement, mais parce que son corps n’y est plus habitué.
Comme le rappelait Andrew Taylor Still, fondateur de l’ostéopathie : « La vie, c’est le mouvement » ; on retrouve souvent cette idée résumée ainsi : « La vie, c’est le mouvement et l’absence de mouvement est le premier pas vers la mort. »
📌 Si on entretient le mouvement de façon progressive et équilibrée, on diminue considérablement les risques de se faire mal “par surprise”

Prévenir le “faux mouvement” : bouger régulièrement, s’entraîner, adapter la charge
- Entretenir sa mobilité :
- Échauffer régulièrement ses articulations, pratiquer des étirements légers, conserver une routine de mouvements quotidiens.
- Varier les positions : alterner assis/debout, faire des pauses actives, s’accroupir pour ramasser un objet au lieu de se pencher “n’importe comment”.
- Renforcer son corps :
- Renforcer les muscles posturaux et fonctionnels (dos, abdos, jambes, etc.) grâce à des exercices simples.
- Progression : augmenter la difficulté ou la charge graduellement, pour donner à l’organisme le temps de s’adapter.
- Adapter la charge :
- Ne pas surestimer ses forces : soulever 20 kg sans y être préparé, c’est s’exposer à un risque inutile.
- Entretenir la flexion du dos : selon certaines études récentes, se pencher en avant n’est pas forcément nuisible, même pour soulever des objets, tant que la charge reste raisonnable, autour de 15 kg, la gestuelle est maîtrisée et le corps habitué à ces angles de flexion.
- Utiliser la bonne technique : plier les genoux pour des charges plus lourdes, garder le dos aligné, éviter de vriller la colonne brusquement sans soutien musculaire.
- Écouter les signaux du corps :
- Fatigue, raideur, douleur légère : ces sensations indiquent qu’il est temps de faire une pause, de changer de stratégie ou de s’étirer.
- N’attendre pas la douleur intense : ajuster son effort ou son mouvement dès les premiers signes de tension inhabituelle.
📌 Pour aller plus loin :
Et si le “faux mouvement” arrivait quand même ?
Parfois, malgré toutes les précautions, un geste inhabituel peut déclencher un lumbago, un torticolis ou une douleur aiguë. Les professionnels recommandent alors :
- Repos relatif : ne pas immobiliser complètement la zone, mais éviter les gestes qui ravivent la douleur pendant quelques jours.
- Chaleur ou froid : selon la situation, appliquer un pack froid ou prendre une douche chaude peut soulager l’inflammation ou détendre la musculature.
- Consulter un professionnel : si la douleur persiste ou s’aggrave, mieux vaut faire un bilan chez un ostéo, un kiné ou un médecin pour évaluer l’état des tissus, identifier d’éventuels déséquilibres et mettre en place une rééducation adaptée.
- Reprendre doucement l’activité : ne pas tomber dans la sédentarité totale, car l’immobilité prolongée entretien la raideur et ralentit la récupération.
📌 Pour aller plus loin :
Conclusion
Le concept de “faux mouvement” est donc plus un abus de langage qu’une réalité scientifique. Un geste en soi n’est ni “faux” ni “mauvais”, il est simplement mal préparé, mal exécuté ou trop exigeant pour l’état du corps à ce moment précis.
« Le mouvement, c’est la vie : l’important est d’habituer progressivement son organisme à différents efforts, plutôt que de se priver ou de forcer sans y être prêt. »
En entretenant sa mobilité, en musclant son corps de manière équilibrée et en adaptant la charge à ses capacités, on réduit grandement le risque de cette fameuse “mauvaise surprise”. Et si malgré tout, on se blesse, il suffit souvent d’un peu de repos, d’adaptations et, au besoin, d’un accompagnement professionnel pour retrouver un mouvement libre et sans douleur.
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